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Webern Opus V
Maurice Béjart

« Soigner le style et l’ambiance. Mélange de précision technique et musicale et de romantisme émouvant et dansant. Beaucoup parcourir. Ne pas précipiter entre les variations. Se placer lentement avec Suspense. »

Note de Maurice Béjart à Jacqueline Rayet, 1967

 

Le mouvement, comme arraché à l’immobilité, est concis, direct, léger : « Sur scène, il y aura deux corps en maillots blancs cernés par la lumière qui sans cesse varie et créé des mondes en harmonie avec les sonorités musicales, tantôt un aquarium, tantôt une cathédrale. Les visages ne trahiront aucune émotion : tout doit naître de la ligne du corps et du rapport des deux danseurs. »

L’intensité et le lyrisme qui se dégagent de ce pas de deux, naissent de cette économie de moyens. L’œuvre est sans trame narrative. Elle évoque juste à travers ses formes, le thème – cher à Maurice Béjart – de la complémentarité des sexes et de la recherche de l’absolu au sein d’un couple : « La chorégraphie exprime l’angoisse de la solitude, de l’incompréhension, les affrontements contemporains, cette distorsion des esprits traduite par celle des corps. La même figure géométrique réunit au début comme à la fin les deux solistes qui, tantôt s’écartent, tantôt se retrouvent. De même que Webern part ou aboutit à des accords traditionnels, de même Béjart fait naître des mouvements classiques qui se déforment, se désagrègent pour surgir de nouveau dans l’éclat d’une pureté reconquise. » L’équilibre de la construction chorégraphique – un adage, une variation pour chaque danseur et une coda finale – traduit cette recherche d’un accord, d’une harmonie idéale. Cette clarté académique se double d’un travail sur les ruptures et les formes altérées comme pour mieux souligner la singularité de chaque individu. En s’appropriant la concision musicale de Webern, Béjart a chorégraphié une œuvre intimiste d’une force émotionnelle insoupçonnée.

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