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Wien, Wien, nur du Allein
Maurice Béjart

Nous vivons, et presque chacun de nous en est conscient, la fin d’une époque, et même plus, la fin d’un cycle de l’humanité. Comment et quand se fera cette apocalypse, aucun pseudo-prophète ne peut nous le dévoiler mais bien des gens ressentent l’imminence de cette fin. Pourtant la certitude de cette issue ne doit engendrer en nous ni peur, ni pessimisme, toute fin est le début d’un renouveau, la mort et la condition même de la vie; et la forêt consternée par l’hiver, visage noir et blanc d’une apparente éternité glacée, annonce que sous ce visage de mort, le printemps est proche… Eternel retour ! Il faut qu’une humanité meure pour qu’une autre retrouve la source de vie.

Imaginons des êtres au bord de l’abîme, ayant perdu l’espoir, le ciel bleu, la nature; il ne leur reste que la musique, elle est leur oxygène, grâce à elle ils aiment, ils rient, ils rêvent, ils dansent, ils surnagent… la musique, et un mot magique, un mot clé, le souvenir: Vienne, essence de cette musique qu’ils aiment et dont ils ont besoin.

Vienne, un rêve, un espoir, une lente décadence, la mémoire d’un certain passé, Vienne, petite madeleine de Proust au parfum de Schubert du côté de chez Mozart, prisonnière de sa légende, Sodome et Gomorrhe d’un fleuve qui incarne la Valse, d’une valse qui tourne comme les planètes.
À partir de cela on peut imaginer toutes les histoires possibles…

La danse qui est à la fois toujours abstraite et toujours lyrique ne raconte rien, mais elle éveille l’imagination profonde de qui la regarde…

Le ballet est une œuvre ouverte où chacun vient, comme dans un miroir, avec son propre visage, ses propres préoccupations, se créer une histoire à sa mesure.

Maurice Béjart

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