17 décembre 2022

Triomphe au Théâtre de Beaulieu

Pour son retour dans un Théâtre de Beaulieu flambant neuf,
le Béjart Ballet Lausanne danse Wien, Wien, nur du Allein et triomphe

Après trois ans de fermeture pour travaux, le Théâtre de Beaulieu a accueilli hier soir la première des six représentations d’un ballet de Maurice Béjart créé à Bruxelles en 1982, jamais dansé par la compagnie de Gil Roman. Une Première ovationnée par une salle comble.

 

Lausanne, Théâtre de Beaulieu, 16 décembre 2022. La date restera dans les annales. Il sera écrit que
le Béjart Ballet Lausanne, de retour dans cette salle historique entièrement remise à neuf après trois ans de lourds travaux, aura répondu à une impérieuse attente. Le public a en effet occupé toutes les places disponibles, 1650 sièges tendus d’un élégant velours rouge, accueillant des mains et de la voix
cette première des six représentations de Wien, Wien, nur du Allein.

Créé en 1982 par le Ballet du XXe Siècle en avant-première au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, un mois avant sa création mondiale au Châtelet à Paris, Wien, Wien, nur du Allein est l’une des œuvres les plus marquantes de Maurice Béjart : une composition d’une grande richesse et précision chorégraphique que Gil Roman s’est appliqué à remonter avec la rigueur d’un horloger suisse, le regard neuf.

Réglée sur les musiques de l’École de Vienne, la trame réunit Schoenberg, Berg, Webern, Strauss, Haydn, Schubert, Beethoven et Mozart. Comme l’Outre-noir joue de la lumière pour sculpter des espaces inattendus, Maurice Béjart enferme quatorze survivants d’un cataclysme dans un bunker,
des personnages qui se (ré)inventent alors que, tout autour, la guerre fait rage, l’humanité se consume.

Ainsi cloitrés (un décor signé Magali Baud et le peintre Christophe Demierre) dans la lumière qui vacille, quatorze personnages s’enchevêtrent, murés dans l’impossibilité d’aimer puisqu’aimer ne se peut plus, s’inventent une dernière fois en affrontant leurs rêves d’autrefois… Trop de décadence, de vide, d’aliénation : « Nous vivons, et presque chacun de nous en est conscient, la fin d’une époque, écrivait alors Maurice Béjart. La fin d’un cycle de l’humanité. » Mais noir n’est pas… noir :
la certitude de cette issue ne doit engendrer en nous ni peur ni pessimisme : toute fin est le début
d’un renouveau (…) Éternel retour ! Il faut qu’une humanité meure pour qu’une autre retrouve la source de vie. »

Wien, Wien, nur du Allein est à voir jusqu’au 22 décembre. Un peu plus de 90% des places ont été vendues à ce jour.

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