« Mon ballet n’est pas une interprétation exacte de L’autre chant de la danse, ouvrage que Maurice Béjart a commencé à écrire en 1972 dans un petit appartement à Bruxelles en écoutant la 3e Symphonie de Mahler qui lui inspirait de nouveaux travaux. Il reflète plutôt un processus consistant à s’inspirer à la fois de ce livre, dans lequel le Maître se pose des questions sur sa propre existence, les luttes qu’il a menées dans sa vie, ses prises de conscience. Il raconte les rêves qui le visitent, et surtout son amour de la danse.
En ouvrant le livre à la page de la table des matières, j’ai été interpellé par les intitulés des chapitres : « Danse 1 », « Danse 2 », etc… Intuitivement, pendant la lecture, j’ai commencé à imaginer une sorte de danse. Dès lors, il a été clair que je devais donner forme à son propos imaginaire, aux rêves, et que ce travail ne pouvait être dansé que par le Béjart Ballet Lausanne. Quant à la musique, des recherches m’ont apprise que l’œuvre, qui n’avait pas de titre, s’était un temps intitulée … « Rêves ». Je n’avais plus besoin d’aller chercher ailleurs l’inspiration musicale de mon ballet.
En 2018, lorsque je chorégraphiais 空 Ku pour le BBL, j’ai été profondément impressionnée, émue, par la façon dont les danseurs s’efforcent de poursuivre dans cette voie en transmettant avec passion cette vision de la danse. J’ai eu l’idée de cette création pour exprimer les différentes émotions qui surgissent en chacun de nous, les différentes formes d’amour et la lumière que possède l’âme, qui sont invisibles à l’œil mais qui existent toujours.
Ma pièce présente une variété de personnages, d’animaux, la nature et des anges. Les danseuses et danseurs ne se cantonnent pas dans un seul rôle mais ils en changent à plusieurs reprises… comme nos émotions et notre énergie en toute chose sont également en constante évolution. Je n’ai pas peur de ces changements : je veux continuer à avancer avec les visions et les inspirations qui me viennent à chaque instant.
L’autre chant de la danse, c’est aussi ma manière de rendre hommage au créateur, à Gil Roman et à ceux qui perpétuent cette idée d’une danse précise, ouverte, profonde, généreuse. Je sens que ma mission de créateur est de tisser et de transmettre le passé, le présent et le futur. À l’heure où j’écris ces lignes, le processus créatif est toujours en cours mais j’ai le sentiment qu’il s’agira d’un « voyage d’amour »… »
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